Ma vulve est-elle normale ?
La chirurgie plastique, c’est fantastique. Après l’engouement pour les rhinoplasties, les liposuccions et liftings en tout genre, les augmentations mammaires et les implants fessiers, la labioplastie (la réduction des petites lèvres du vagin) séduit de plus en plus de femmes. Avec, en toile de fond, ces deux questions : est-ce que ma vulve est normale ? Mais à quoi ressemble la vulve idéale ?
C’est la question que se sont posés en 2018 des chercheurs de l’hôpital cantonal de Lucerne, en Suisse. Résultat : il n’existe pas de taille normale des lèvres. C’est plutôt la diversité qui est la norme. La taille des lèvres extérieures d’un échantillon de 657 femmes* âgées de 18 à 84 ans, participant à cette étude varie de 12 à 180 mm. Ce qui n’empêche pas certains chirurgiens de considérer qu’au-delà de 3 cm, il s’agit d’une hypertrophie sévère. Diantre ! Des lèvres longues de plus de 4 cm justifieraient un geste chirurgical…
Le diktat d’une petite vulve lisse et jeune
En France, environ 4 000 nymphoplasties (l’autre nom de l’opération des lèvres) sont pratiquées chaque année. Montant de la facture : entre 2 000 et 3 000 euros. Ah oui, quand même… Aux États-Unis, c’est carrément la folie. Leur nombre a augmenté de 39 % entre 2015 et 2016 selon l’American Society of Plastic Surgeons ! Une étude montrait en 2012 que 23 % des Américaines songeaient à se faire refaire la vulve.
Cette mode, qui n’a pas tardé à déferler sur l’Europe, est arrivée dans le sillage de celle de l’épilation intégrale. Ainsi dévoilée, la vulve se doit d’être jeune, petite et lisse pour être considérée comme parfaite. Rien ne doit dépasser ! Cette norme est si prégnante, ancrée dans l’industrie porno et mise en avant par le business de la chirurgie esthétique, qu’elle conduit bien des femmes à se demander si elles sont normales.
La norme de l’anatomie vulvaire est la diversité
D’après une étude réalisée en 2009 aux Pays-Bas, une femme sur sept trouverait sa vulve anormale ! Une interrogation amplifiée par une méconnaissance de leur propre anatomie et de celle d’autres femmes. Les femmes hétérosexuelles ont en effet rarement l’occasion d’observer d’autres vulves. Et pourtant, la comparaison à d’autres sexes que le sien ne peut que souligner une grande diversité anatomique. Pour preuve, le compte Instagram de l’artiste Hilde Amsterdam qui en a dessiné des centaines pour sa vulva gallery. Il n’y en a pas deux qui se ressemblent !
Ceci étant, il n’est pas question pour autant de vouer la chirurgie esthétique aux gémonies. En cas de béance vulvo-vaginale après un défaut de cicatrisation d’une épisiotomie, de gêne au cours des rapports sexuels ou d’activités sportives, ou encore de frottements intempestifs avec les vêtements, une chirurgie (prise en charge par la sécu lorsqu’elle est réparatrice) peut vous changer la vulve et la vie. Hélas, le corps médical dispose de peu de données sur l’amélioration de la satisfaction sexuelle ou de l’image de soi après une labioplastie.
Surtout, un geste chirurgical, même s’il peut évidemment grandement concourir au bien-être d’une femme, ne résout pas à lui seul la question de l’intime et de la sexualité.